Inauguration des Conférences invitées de « Plejada » avec prof. Krzysztof Jarosz !
Juste après les vacances de Pâques, le samedi 10.04.2021 à 10.00, nous vous invitons à la conférence de Monsieur Krzysztof Jarosz (voir note biographique ici) de l’Université de Silésie qui nous présentera Ananda Devi. Portrait d’un(e) écrivain(e) (voir le résumé ici)
Cette rencontre est ouverte non seulement aux membres de « Plejada » mais à l’ensemble des amoureux de la langue et littérature françaises, universitaires, doctorants, étudiants, cela aussi bien en Pologne que dans les pays de Višegrad. Nous comptons sur votre présence ainsi que sur la diffusion de cette information dans vos institutions et auprès de vos collègues !
Notre premier conférencier Krzysztof Jarosz est professeur de littérature d’expression française à l’Université de Silésie (Katowice). Auteur de 3 livres (sur Hubert Aquin, Jean Giono et Robert Lalonde) et de plus de 80 articles qui portent sur la littérature contemporaine d’expression française, il a aussi publié une édition critique des Faux-Monnayeurs et du Journal des Faux-Monnayeurs d’André Gide dans la Bibliothèque
nationale polonaise (Ossolineum, Wrocław 2003). Entre 2007 et 2013, il a présidé l’Association polonaise d’études canadiennes. Il est membre du Conseil d’administration (section internationale) de l’A.I.É.Q.
Son activité de traducteur comprend de plus de vingt ouvrages philosophiques et littéraires, dont ceux de Sartre, Deleuze, Dali, Bataille, Kokis… Depuis 2019, il dirige une collection littéraire (“Frankofonia literaria”) qu’il a conçue et créée. Jusqu’à présent Wydawnictwo w Podwórku de Gdańsk i les Presses de l’Université de Silésie à Katowice ont co-édité, dans le cadre de cette collection, ses traductions commentées et annotées
de trois ouvrages mauriciens, dont deux d’Ananda Devi, Éve de ses décombres (2019) et L’ambassadeur triste (2020), ainsi que Made in Mauritius d’Amal Sewtohul (2021). La traduction commentée et annotée du Sari vert d’Ananda Devi a été publiée avant la création de la collection, en 2018. Tout porte à croire qu’en 2021 la collection s’enrichira encore de deux ouvrages, cette fois-ci d’auteurs québécois : L’œil de Marquise de Monique LaRue et Le Petit Aigle à tête blanche de Robert Lalonde.
Résumé : En publiant sous le nom d’Ananda Devi, Ananda Devi Anenden est devenue, au cours de trois dernières décennies, le plus grand écrivain de l’Île Maurice, son pays d’origine, ainsi que de toute une partie sud-ouest de l’Océan Indien, immense région dans laquelle se croisaient autrefois les influences
politiques et culturelles hollandaise, française et anglaise, en se superposant à – et parfois même en se laissant submerger par – un substrat africain, malgache, indien et chinois et en créant par là des amalgames linguistiques, culturels, culinaires et ethniques d’une grande originalité et richesse. Lauréate de maints prix prestigieux pour son œuvre fort appréciée et étudiée au monde entier, depuis 1989, Ananda Devi vit à Ferney-Voltaire en France. Pendant ces trente dernières années, tout en travaillant comme
traductrice à Genève, l’écrivaine construisait son univers imaginaire reconnaissable entre tous, en publiant, surtout en France, une douzaine de romans, trois recueils de poèmes et quatre recueils de nouvelles.
Plusieurs de ses romans sont accessibles en anglais, hindi, slovène, roumain, bulgare, portugais, polonais, allemand, espagnol, italien, suédois et en d’autres langues vers lesquelles on ne cesse de les traduire.
Comme c’est le cas des plus grands écrivains, Ananda Devi a su démontrer, à travers ses particularités et couleurs locales, un caractère universel des problèmes auxquels sont confrontés et que cherchent éperdument (et souvent en vain) à résoudre les habitants de sa petite île natale de 1800 kilomètres carrés
de surface sur laquelle évoluent un million trois cent mille habitants dont chacun s’accroche à son identité ethnique (française, indienne, chinoise, musulmane, voire créole).
Elle est l’un des rares auteurs du monde contemporain qui sait unir dans ses ouvrages des qualités artistiques d’une prose à haut tonus poétique avec une rare compassion que recèlent ses descriptions crues des maux que subissent ses personnages de laissés pour compte, de femmes subordonnées à la violence
patriarcale, ainsi que de monstres malheureux rejetés par la société à cause de leurs malformations corporelles et mentales.
Devi voue à ses personnages une empathie voilée sans s’abaisser jamais à un misérabilisme facile, en sachant cependant infuser dans son monde un brin d’humour, voire d’ironie qui éclairent d’un rayon légèrement adoucissant l’horreur de cet univers représenté en général sombre qui, de réalisme san
concession pour aucun des tabous convenus de bienséance glisse parfois imperceptiblement vers un fantastique à fonction subtilement consolatrice, mû par la force d’un processus de métaphorisation puissant et hautement original qui à chaque pas esthétise l’horrifique sans l’annuler mais, bien au contraire, en ajoutant une dimension artistique à la vision anti-paradisiaque de l’île natale de l’auteure que celle-ci sait élever à la démesure de son immense talent d’écrivain hors de pair en créant une « Mauricie » anandadevienne à la fois très locale et parfaitement universelle.
Dans ce cours, on se propose de présenter, en guise d’introduction, quelques thèmes favoris de l’œuvre d’Ananda Devi, en espérant que cet aperçu permettra aux auditeurs de saisir le propre de cette écriture riche et originale.