Relations entre les États, relations entre les chefs d’État. Le discours diplomatique présidentiel et la pragmatique interpersonnelle
La diplomatie « au sommet », qui englobe les rencontres bi- et multilatérales entre les chefs d’État ou de gouvernement, occupe, de nos jours, une place importante dans la gestion des relations internationales. Parmi les genres de discours caractéristiques de cette forme de diplomatie figure la déclaration conjointe, à savoir la double déclaration liminaire qui ouvre les conférences de presse tenues ensemble par les dirigeants à l’occasion de leurs rencontres. En adoptant la perspective de la pragmatique interpersonnelle (M.A. Locher, S.L. Graham, R. Watts), nous nous proposons d’observer la construction discursive des relations bilatérales à partir d’un corpus de déclarations prononcées par Emmanuel Macron et ses homologues étrangers. La finalité du discours diplomatique implique l’image de bonne entente entre les pays et, partant, un langage poli, rigoureusement respectueux des « faces » des partenaires (E. Goffman, P. Brown & S. Stevenson, C. Kerbrat-Orecchioni). Cependant la question se pose de l’efficacité des actes de politesse, notamment des actes flatteurs, en tant que marqueurs d’une relation de proximité dans les déclarations conjointes. Qu’est-ce, au fond, qu’un acte de politesse signifiant dans un genre poli par principe ? Pour échapper à ce paradoxe, les dirigeants ont recours à différentes stratégies de crédibilisation, dont l’intensification et la personnalisation du discours relationnel, où la relation politique entre les États et la relation interpersonnelle entre les chefs d’État se superposent.